lundi 10 décembre 2012

**Le Conte Témoin** de Miloud Taïfi, étude critique le 25/9/2005

Title : *Le Conte témoin*, roman de Miloud Taïfi, pour une lecture critique : Category : Chronique littéraire Contents : Avec la parution du roman de Monsieur Miloud Taïfi - septembre 2005 : * Le Conte Témoin*, l'auteur m'en a offert un exemplaire que j'ai lu avec véhémence et grand plaisir. Pour, ainsi, en faire l'hommage, j'ai tout de suite réagi (le 25/9/2005) par ce texte/critique que je partage, ici, avec les lecteurs de la littérature maghrébine d'expression française : Ce texte qui se veut souvenir, au départ, n'est autre qu'une histoire dans l'histoire où l'interférence des discours est bien maintenue du début jusqu'à la fin, dans le but de saisir l'attention du lecteur. L'auteur et le narrateur se mêlent sans se confondre pour raconter un conte des plus universels. Un conte millénaire dont se souviennent de multiples générations. La mémoire collective génère et se nourrit du conte. L'aède, troubadour, qui sillonnait le Moyen Atlas avait un rôle, entre autres. C'est celui de dire des contes, dans un cercle, sur la place du Souk hebdomadaire des villages perchés aux versants de l'Atlas. L'auteur se souvient du conte et voudrait en partager le plaisir avec le lecteur. Sans s'étaler sur le besoin d'écriture, il prend à son compte la narration et en même temps la description de l'acte, de l'acteur, de l'action et des spectateurs/auditeurs dans cet espace circulaire , mais ouvert au Souk ayant d'autres fonctions de communication que celle de la ++Halqa++. Le rôle du conteur/narrateur est de communiquer et de rassembler les gens. Le rôle de l'auteur est de décrire et de raconter. D'où une ressemblance des deux actants. La description, comme le conte, devient une fête de lecture où l'exotisme des lieux, de l'espace, de la parole, de la pensée colorant le message de ces teintes n'a de rencontrere qu'au Moyen Atlas et aux alentours. Ce ne peut que rappeler le roman, des années cinquante des auteurs comme Ahmed Sefrioui et Driss Chraïbi. le roman #Carte Postale#, d'antan. ( ce n'est point par malveillance ! ) Le plaisir est toujours là ! Le bonheur est ailleurs. Il faudrait, peut-être, le rechercher à travers le saisissement du texte lui-même. Comme un tourbillon, celui-ci risque de vous échapper au détour de la phrase descriptive et à l'écoute obligeante du héros/ narrateur/conteur : *Achbakou*. À cela s'ajoute la théâtralité de l'action avec ses accessoires, ses didascalies, son décor, ses acteurs/personnages et protagonistes. La mise en abyme ou le kaléidoscope est là pour nous faire apprécier et le conteur et son conte merveilleux, suivant l'appellation de Vladimir Propp, dans le grand respect des fameuses fonctions. À l'auteur = Professeur = toute l'estime que lui doivent les apprenants pour l'application des règles de l'écriture littéraire. Et ce, de par le foisonnement riche d'un lexique poétique où les figures rhétoriques s'enchaînent avec beauté et beaucoup de rigueur. La richesse du style ne nous laisse pas du temps à la réflexion. Elle nous fascine, nous enchante dans une élévation vers les souvenirs de l'enfance. On ne peut pas ne pas emboîter le pas au narrateur vers le retour aux sources. L'appel au terroir ne cesse de nous animer tout le long du texte et nous laisse, quand même, sur notre soif,... Quant au sacré de l'écriture, il n'est même pas caché. Il est là. Il est évoqué, ponctuellement, à travers les dix(6) chapitres, comme qui dirait, voulu par l'auteur qui n'hésite pas à jouer avec les registres de langue, les types de textes et les genres littéraires. Il se veut conteur, lui-même, sans être pour autant prédicateur, mais sûrement aède et chantre, relatant son propre parcours existentiel, racontant sa vie, sans se permettre - à aucun moment - fixer les règles du jeu littéraire. C'est pourquoi l'autobiographie est quasiment présente, voire, à travers l'évocation d'une époque révolue, des lieux existant réellement et d'une tradition ancestrale du terroir, très ancienne et bien pérenne. Ainsi l'enfant est-il aussi l'adulte. Le souvenir n'a pas de date limite ! L'intemporalité est signe de la continuité de la culture : tout y est marqué : - *Achbakou* : prénom amazigh, -* Touda * : prénom féminin, amazigh. Tout nous interpelle sans pour autant verser ni dans l'enthousiasme ni dans l'emballement gratuits. Le plaisir du texte est ça. Comme savait bien le dire Roland Barthe. Le propre de la littérature maghrébine d'expression française est de véhiculer en langue française un patrimoine, une culture, un mode de vie et de pensée, autres que ce qu'on peut rencontrer en France. *Le Conte Témoin * en est un exemple. S'agit-il d'un roman ? -Non ! Mais, certainement, un écrit, ouvert à la lecture plurielle. Un conte libre, prêt à être adopté par l'intellect et adapté à l'enseignement du français, au Maroc. Ainsi, la lecture garde encore toute sa valeur, malgré l'invasion, aujourd'hui, quasi totale, de l'Internet et les autres prouesses technologiques de l'audio-visuel. Encore Bravo à Monsieur Miloud Taïfi pour nous avoir permis de revenir à nous-mêmes et à nos sources. Created : 2012-12-10 11:27:36 Edited : 2012-12-10 11:27:42

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