dimanche 2 décembre 2012

Nouvelle

Title : L a nouvelle magique Category : nouvelle Contents : Personne n'aurait pensé qu'elle allait devenir celle qui est devenue la coqueluche de toute une région, dont parle toute la presse, dont le nom suffit pour enclencher tout un mythe. Déjà, très jeune, dans ce Douar, coin perdu entre monts et vaux et quasi introuvable sur la Map de Google, pourtant très détaillée, la silhouette de Khaddouj Bent Jilali ne passait pas inaperçue. Les ouvriers agricoles la regardaient avec une envie maladive de la dénuder des quelques vêtements qui dissimulaient mal ses rondeurs et ses richesses charnelles provocantes. Plus d'un ne cessait de rêver l'approcher, la toucher, la dorloter et s'enivrer des saveurs incommensurables qui en émanaient. Tous les regards, même ceux des femmes endurcies par le labeur, l'âge et les multiples accouchements, restaient accrochés à sa longue chevelure qui ondulait sur ses épaules telle la crinière d'un cheval arabe en pleine chevauchée. On chantait son unique beauté et sa magique splendeur, partout, à l'occasion des fêtes de mariage. -Pourquoi personne ne vint demander sa main? Personne n'osait répondre à cette question qui dérangeait surtout ses proches( il n'y avait que sa mère : on disait vieille sorcière !). Le père : aucun souvenir, sinon qu'il fut tué dans une obscure affaire de contrebande ou de trafic de stupéfiants : industrie ayant,généralement, fait la renommée malsaine de cette région montagneuse, très accidentée, réputée comme telle, on préférait ignorer jusqu'à son existence, aucune route n'y menait. -Que savait-elle de la vie ? des hommes ? de la ville ? de la politique ? -Rien ! Mais sa personnalité mûrit avec le temps, sa célébrité prit de la forme et le jour vint où, on ne savait ni pourquoi ni comment, on décida qu'il fallait élire des représentants des Douars pour, enfin, entrer d'emblée, dans la modernité, comme on entendait ressasser sans fin à la radio. Tous les habitants de cette contrée n'avaient qu'un nom à la bouche : Khaddouj Bent Jilali. Outre la risée collective, les anecdotes des mauvaises langues, il n'y avait pas d'hommes capables d'élever le défi devant elle. Elle et elle seule pouvait relever ce défi par sa force de caractère, sa franchise et sa présence qui fascinait tout le monde par son incandescence et son magnétisme. Ainsi faisait-elle taire les mauvaises langues et aiguiser le désir non dit des hommes, des notables qui aimeraient bien qu'elle les ait représentés , qui sait, peut-être qu'un jour, ils profiteraient de ses faveurs, les plus escomptés de tous. Le charisme, le bon sens et certainement la soif d'une justice ou d'un sentiment de vengeance contre le mauvais sort et la malchance sont, de toujours, les meilleures armes pour être au premier rang de diriger les hommes et mener les foules. L'idéologie, les calculs, la diplomatie viennent après. Ainsi, elle se mit à la tête des listes, elle vainquit les plus redoutés de ses adversaires, pourtant, partisans chevronnés. Elle défraya la chronique. Elle devint l'événement des temps qui couraient. Elle gagna le respect de tous et entra par la grande porte dans la cour des Grands. On croyait qu'elle allait changer, mais rien ne fut, elle resta la même, dans son fort intérieur. Seul son tailleur, sa coupe de cheveux donnèrent un plus à son attrait et à son magnétisme si naturel : don du ciel ! Created : 2012-10-29 21:26:48 Edited : 2012-11-03 10:03:21

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire